JULES ✖ Les profs de théâtre c’est genre : « - Fais l’arbre ! - Mais j’en suis pas un. - Mais fais le quand même ! » Tous des pervers !

Voilà maintenant dix-neuf ans que mes parents m'ont donné le nom de jules raphaël de valhèze. Je suis de nationalité française sans tout de même oublier que j'ai des origines anglaise du côté de mon père et française de celui de ma mère. En ce moment, je suis célibataire. Depuis deux ans, je suis étudiant en journalisme et, depuis près d'un an, je suis également dealer afin de me faire un peu d'argent; malgré tout, je le vis bien. Même si ce n'est pas facile tous les jours. Je fais partie du groupe des salut les musclés et on me dit souvent que je ressemble étrangement à Francisco Lachowski.

« Maman, t'es là ? Est-ce que je... » Je n'ai pas pleuré. Je ne pleure pas, moi. Mais ça m'a fait un choc. De découvrir son corps inerte. Elle était couchée sur son lit. Comme si elle dormait. Sauf qu'elle ne respirait plus. Elle avait rendu l'âme. J'avais passé dix-huit ans de ma vie seul avec ma mère. Je savais qu'elle était atteinte d'une grave maladie et que ses jours étaient comptés. Mais jamais je n'avais imaginé qu'elle m'abandonnerait si tôt. J'avais presque réussi à oublier sa maladie. Elle semblait être en forme ces derniers temps. À première vue, ce n'était qu'un leurre. Une illusion. Pour éviter que je ne m'inquiète. Et elle avait réussi : je pensais que tout allait pour le mieux. Je n'avais plus pensé à sa maladie depuis près de deux semaines. Mais cette maladie l'avait emporté. Et jamais plus, je ne verrais le sourire de ma mère.
On emporta son corps, on me demanda si j'avais de quoi payer l'appartement ou alors, un membre de la famille chez qui aller. Maman avait toujours vécue seule avec moi. Elle avait eu quelques petits amis bien sûr, mais je les avais rapidement fait fuir. Cela pouvait paraître égoïste, mais je ne voulais pas d'hommes dans la vie de ma mère. Du moins, je voulais un homme qui soit assez bien pour elle. Et ces hommes qu'elle avait ramené, je les détestais plus que tout. Ils n'avaient rien dans la tête. Ils n'avaient rien pour eux. Ma mère méritait mieux qu'une bande d'abruti dans leur genre. Alors, si j'avais quelqu'un qui pouvait m'accueillir sous son toit... ? La vérité, c'était que oui, il y avait quelqu'un. Mon père, que j'avais retrouvé récemment. Et qui ignorait qu'il avait un fils d'ailleurs mais ça, je m'en fichais. Il ne s'était pas montré hostile à mon égard, au contraire. « Papa ? C'est Jules. » Je marquais un temps d'arrêt. Je n'étais pas sûr qu'il accepte de m'héberger. Après tout, il avait déjà une fille à sa charge. Alors voir son fils débarquer à la maison... « Maman est morte. » Je l'avais dit comme si cela ne m'affectait pas. C'était faux, bien entendu. Mais c'était juste ma façon d'être. Je paraissais léger, on pensait que je ne prenais rien au sérieux. Ce que j'étais loin d'être. « Viens à Paris. » La semaine suivante, je frappais à sa porte.

« Gênes-toi pas, surtout ! » Tranquillement installé devant la télévision vêtu d'un simple caleçon - comme toujours lorsque je ne sortais pas - je levais innocemment les yeux vers Léonie, la regardant comme si je ne comprenais pas de quoi elle parlait. Léonie, ma douce demi-soeur. La fille de mon père. Celle qui me pourrissait la vie depuis mon arrivée ici. Mais au fil du temps, j'avais fini par considérer Léonie comme une vraie soeur - la mort de notre père nous a sans doute rapproché. Notre plus grand problème ? On se disputait. Sans cesse. Pour un rien. « Mais de quoi tu parles ? » « Tu transformes notre appart' en bordel ! Si tu veux te taper des sal*pes, loues une chambre d'hôtel ! » J'affichais un sourire en coin sur le visage, avant de tourner la tête vers la télévision. Je n'allais pas répondre. Pas tout de suite. La faire mariner un instant. L'énerver. Car elle détestait quand les gens gardaient le silence. Je le savais. J'avais appris les particularités de Léonie. Et je les utilisais contre elle sans le moindre remord. Cela semblait marcher à merveille puisque je l'entendais fulminer derrière moi. « Et toi, tu ne ramènes personne, peut-être ? Je ne les vois peut-être pas tous, mais les murs sont fins tu sais. » Et pour être honnête, je ne supportait pas ces bruits que j'entendais parfois au milieu de la nuit. Jaloux? Sûrement pas ! Léonie était ma petite soeur et je me devais de la protéger, voilà tout. Contre ces connards qui ne pensent qu'à coucher avec de jolies filles - bon d'accord, je suis l'un de ces "connards". Cette situation m'énervait. Léonie était une jolie fille d'accord, mais elle ramenait beaucoup trop de garçons à la maison de mon point de vue. Et on se disputait toujours à ce sujet. Je poussai un soupir avant de balayer ma propre remarque d'une main. L'heure n'était pas à la dispute. Pour une fois. « Au fait, j'aurais besoin de ton argent pour le loyer, histoire de pouvoir régler ça au plus vite. » Nous étions tous les deux étudiants, mais nous avions également un petit job à part afin de pouvoir s'occuper de toutes nos factures. Léonie s'était trouvé un boulot de serveuse dans un café. Moi, rien d'aussi honnête. Dealer. Voilà ce que j'étais devenu. Je refourguais de la drogue à ceux qui en voulait. N'importe qui. Tant qu'on me payait ce que l'on me devait et que je ne me faisais pas prendre, je me fichais d'en vendre à des gamins de quatorze ans. Tant que Léo non plus ne l'apprenait pas. Elle pensait que je m'occupais de classer des dossiers administratifs dans une grande entreprise le soir après les cours, lorsque j'avais rendez-vous avec ma clientèle. « Tiens. » Elle me tendis une liasse de billets. « Merci. » Non, elle ne devait pas vraiment découvrir. Je la connaissais et je savais qu'elle me ferait la morale sur mes activités. Et honnêtement, je n'avais vraiment pas besoin de ça.