« Il est où papa ? » allongée sur mon lit je fixais le plafond, une expression neutre collée au visage. Audrey était assise à côté de moi et jouait avec mes cheveux.
« Je sais pas, maman a dit qu'il reviendrait peut-être pas. » Je me relevais brusquement et fixais la fenêtre ouverte sur la rue, perdue dans mes pensées. Je sentais que Audrey me fixait et je devinais son air soucieux dans le miroir fixé au mur mais je ne me retournais que quelques minutes plus tard, la fixant dans les yeux.
« Tu crois qu'ils vont divorcer ? » J'avais huit ans à cette époque la mais j'avais vu tellement de parents à mes amies se séparer sans aucune raison apparente que je savais ce que voulais dire un divorce.
« Je ne sais pas. » Audrey avait cette ride sur le front que je lui connaissais lorsqu'elle se faisait du soucis et continuait de me fixer en caressant mes boucles blondes. J'avais entendue maman et papa se disputer la veille et papa était parti en claquant la porte. Maman disait qu'il n'avait tout simplement pas été gentil avec elle, je soupçonnais autre chose mais je n'en disais mot.
« J'ai vu papa avec une autre femme l'autre jour ... » Voilà donc ce qui tracassait tant Audrey, elle avait dut se demander si elle avait raison de me confier cela ou si ça ne ferait qu'aggraver le soucis que je me faisais déjà au sujet de mes parents. Mon père avait donc tromper ma mère, c'était ça le fin mot de l'histoire et la raison pour laquelle notre famille souffrait autant ces derniers jours. Avec un soupire je me recouchais sur mon lit fixant à nouveau le plafond.
« De toute façon ça ne change rien, papa n'a jamais été là de toute manière. » J'avais dit ça sans aucune once de colère, c'était juste une observation. Mon père n'avait jamais été très présent, c'était un célèbre chirurgien qui gagnait plus que bien sa vie et qui nous gâtait moi et ma sœur plus que la plupart des jeune fille de notre âge mais il n'était cependant pas souvent à la maison et bien trop fréquemment en déplacement. Cela ne m'avait jamais dérangé mais je savais que Audrey, la vraie petite fille, trop fragile en soufrait bien plus qu'elle ne le disait.
« Tout vas bien aller, tu sais. » J'avais cette fois posé ma tête sur ses genoux et je caressais sa main en signe de soutien. Je sais que normalement c'est la grande soeur qui rassure la plus petite mais avec Audrey et moi ça avait souvent été l'inverse, il faut croire qu'on est pas deux sœur ordinaires.
****
« Je pense que tu devrais en parler à quelqu'un. » je fis mine de réfléchir une poignée de seconde puis croisais le regard soudain sérieux de ma mère, elle avait les sourcils froncé comme lorsqu'elle essaye de lire en moi, encore une fois cette discussion venait sur le tapis
« Je ne suis pas sure d'en avoir envie ... » puis elle se mit à soupirer doucement avant de me regarder tendrement, à nouveau je fis mine de réfléchir en posant mon poing sur mon menton. Tout cela n'avait aucun sens ! J'avais beau retourner la chose sous tous les angles dans ma petite tête de fillette de douze ans, je n'arrivais pas à comprendre comme cela avait put se produire.
« Tu sais ... Je pense que ça peut te faire du bien. » à nouveau mes grands yeux bleus se posèrent sur la jeune femme en face de moi, qui me regardait avec cette expression douce et compatissante qu'ont les mamans.
« Je veux que tout aille pour le mieux pour toi tu sais. » avec un sourire elle me caressa les cheveux tendrement et se leva pour ranger sa tasse de café dans le lave-vaisselle. Toujours perdue dans mes pensée je regardais sans les voir, mes miel pops tournoyant dans mon bol. Il n'y avait pas de lait, je déteste le lait.
« Mais je peux en parler à Audrey, elle va revenir non ? » tournée jusqu'alors vers le plan de travail, ma mère fit volte-face et son visage joyeux se crispa légèrement mais elle garda son doux sourire et s'approcha à nouveau de moi pour finir par s'accroupir devant ma chaise.
« Audrey est malade, elle ne reviendra pas tout de suite. » son visage exprimait à présent une certaine appréhension mêlée à un regard interrogateur, elle tentait de savoir si j'avais bien compris ce qu'elle venait de dire. Dans ma tête les différentes idées se mettaient en place et je commençais enfin à comprendre tout ça, le jour où mon père était parti de la maison, il n'est jamais revenu, Audrey en a pleuré pendant longtemps mais moi je n'y parvenais pas, elle était aussi plus grande que moi et voyait les choses différemment, elle avait refusé de voir qui que ce soit pendant des jours et des jours puis elle était tombée malade, une mucoviscidose si on en croyait les médecins, elle était partie quelques jours dans un hôpital très réputé pour y être traitée. Maman avait réussi à surmonter tout ça, mais moi je ne réalisait pas encore tout et je n'avais aucune idée du courage dont elle devait faire preuve chaque jour. Elle voulait que j'aille voir un pédopsychiatre susceptible de m'aider à accepter mais en envisageant cette perspective plus sérieusement, je n'avais plus du tout envie d'y aller.
« Je vais bien. » A la mine anxieuse de maman je compris que c'était justement ça qui la perturbait, à vrai dire je n'allais pas bien, j'avais beau avoir des lacunes dans les derniers événements, j'étais consciente que ma soeur n'allait pas bien du tout et j'avais peur de la perdre tout comme j'avais indiréctement perdu mon père.
« Tu ne peux pas dire que tu ne veux pas y aller sans même avoir essayé ! » sur ces mots elle planta un baiser sur le sommet de mon crâne et coupa ainsi court à la discussion.
****
Ce jour la il faisait très chaud, les rues de la ville étaient bien moins bondées qu'à l'ordinaire et les volets des maisons étaient clos. Le seul endroit qui restait aussi re était le parc et on ne trouvait plus une parcelle d'herbe de libre.
« T'es qu'un crétin Neil ! » folle de rage je pris ma serviette et me levais pour partir dans le direction opposée lorsqu'une main ferme m'agrippa le poignet m’obligeant à m'arrêter et me retourner.
« Je m'en vais Lexie. » je lançais un regard noir à Neil
« et qu'est-ce que tu veux que ça me foute ? » il parut déstabilisé quelques instants puis parut se reprendre et lorsque son regard se plongea dans le mien ses sourcils étaient froncés tandis qu'ils paraissait soucieux
« Non tu comprend pas, je m'en vais, je quitte Paris … définitivement. » Cette nouvelle me fit l'effet d'une bombe lâchée dans mon estomac, mon regard se fit plus dur pour lutter contre les larmes mais ces adieux ne devaient pas être larmoyant parce que si je me mettais à pleurer cela allait être beaucoup plus dur et surtout je ne voulais pas qu’il sache.
« J'en ai rien à foutre ! » je me détachais de son emprise en tirant de toute mes forces sur mon poignet et m’enfuis en courant vers le parking. Mon bras me faisait mal mais je m'en fichais, les larmes coulaient sur mon visage alors que je me laissais tombé assise contre la portière de ma voiture, les mains autour de mes genoux et la tête entre mes jambes, je sanglotais. J'aurais voulu que Neil me retrouve, qu'il me dise que ce n'était qu'une blague, qu'il resterait avec moi pour toujours mais il n'en fit rien et je restais là, seule.