Après-midi méritée |Catherine|

Ana et Catherine

Ana se réveilla doucement, le jour commençait à s’infiltrer dans la pièce à travers les volets. Elle alluma son réveil, il était dix heures. Qu’est-ce que cela faisait du bien d’être en week-end ! La veille, elle était rentrée tard à cause d’un rendez-vous avec l’un des parents d’élèves qui louait son « ange » de fils qui était en réalité un vrai monstre. La jeune femme s’était couchée, exténuée. Elle se leva et marcha jusqu’au couloir. Alexis s’était déjà levée, elle prenait son petit-déjeuner. Son autre colocataire était sûrement encore en train de roupiller ! Elle salua son amie et se dirigea vers la salle de bain afin de faire sa toilette et se maquiller. Elle choisit de mettre un short en jean et un top lose blanc, faisant confiance à la météo qui affirmait qu’il ferait beau. Ana rentra finalement dans la cuisine, se servit un café et s’assit en face de son amie. Elles discutèrent de leurs journées de la veille puis furent interrompues par la sonnerie du portable de la jeune femme. C’était Catherine. Les deux femmes ne s’étaient pas vues depuis trois jours autant dire une éternité ! Elles se fixèrent finalement un point de rendez-vous dans leur bar habituel à l’est de Paris. Ana se dépêcha de prendre son sac à main, adressa un signe à Alexis et referma la porte derrière elle.

Entre son amie qui était enceinte et sous pression à cause de son père et elle qui avait totalement coupé les ponts avec ses parents depuis peu et tentait de lutter contre ses démons passés à savoir la drogue, les deux jeunes femmes avaient beaucoup de choses à se dire. Catherine était une des seules à qui elle pouvait se confier, dire tout et n’importe quoi sans se soucier de sa réaction, elles riaient pour les mêmes choses. Ana avait également l’habitude de se confier auprès de sa sœur Emmy-Lou mais il était important pour elle de connaître le regard de personnes extérieures à sa famille et on pouvait dire que Catherine et elle s’étaient très bien trouvées !

Ana entra dans le bar, salua le serveur qu’elle connaissait bien et s’assit en terrasse. Elles avaient l’habitude de se retrouver ici, elles connaissaient le personnel et savait qu’elles seraient très bien accueillies. Soudain, elle sentit une main lui frôler l’épaule. La jeune femme se retourna, souriante.

Les habitudes entres les amies c’était quelque chose qui ne se perdaient pas ! Alors quand en plus, je n’avais pas pu en faire profiter Ana depuis trois jours parce que l’hôpital avait décidé de nous mettre la pire journée, répétée en mode trois fois. Stress, cri et surtout sang en effusion, tout ça avait tendance à me mettre les neurones sans dessus dessous, au point que mon chef de service m’avait octroyé une pause d’une journée pour ce jour. Et c’était sans attendre que j’avais envoyé un sms de la dernière chance à Ana, du genre « J’espère que t’es libre, parce que je suis enfin en congé, café paris est ? » Bon en même temps on était samedi, mais les weekends vous savaient les hôpitaux ça ne connait en rien, alors je faisais tant bien que mal, pour me concilier et me coller sur les horaires de ma meilleure amie, jeune institutrice et donc qui avait son mercredi et son weekend de libre, sans compter les vacances scolaires ! Comme c’était bien l’enfance, quand je n’avais pas à penser « voir ses amis ». On s’en fichait après tout, on les voyait tous les jours. Enfin, je ne disais rien, son travail était également prenant, chacun de nos métiers étaient prenant, d’une manière différente, mais bon, peu importe. On était en fin de matinée et je pris mon sac quand je reçus l’affirmation d’Ana-Belle.

Mon sac, je sortais de l’appartement en criant à ma coloc de ne pas m’attendre. Ah, j’aimais ces petites escapades parisiennes avec Ana, c’était le meilleur moyen de se retrouver. Enfin, nous avions l’habitude de nous voir pratiquement tous les jours, sauf ces derniers temps, j’avouais ne plus savoir où j’en étais. Mais, elle était assez sympathique de me soutenir dans ma grossesse, d’ailleurs, elle était l’une des premières à l’avoir appris. J’arrivais au bar dix minutes après mon départ de la résidence. Elle était déjà là, bon d’accord peut être quinze minutes, je m’étais trompée de station, et j’avais du reprendre le métro en sens inverse. Bref, je frolais son épaule avant de lui faire mes gros bisous sur les deux joues, si heureuse de la voir ainsi souriant, je m’asseyais ensuite en face d’elle, puis dis avec un sourire : « Je suis contente de te voir, si contente. Ca va toi ? »

"Je suis contente de te voir, si contente. Ca va toi ?"

Ana se retourna et vit son amie. Elles se connaissaient depuis très longtemps et avaient l'habitude de se voir quasiment chaque jour. Par chance, la jeune femme avait un emploi du temps très élastique grâce à son métier d'institutrice et après leurs études, elle pouvaient continuer à se voir régulièrement. Catherine lui fit la bise. Elles avaient tellement de choses à se raconter! Ana se souvenait avoir passé des heures et des heures au téléphone avec elle au grand désespoir de sa mère! Les deux amies s'étaient épaulées dans les moments difficiles et n'avaient plus de secrets l'une pour l'autre. La jeune femme avait appris il y a peu de temps que son amie était enceinte. A ce moment là, Catherine était confuse, ne savait que faire. Aujourd'hui, elle espérait que ce serait plus clair pour son amie, consciente qu'elle était dans une situation difficile. Elle lui sourit, ravie.

"Moi aussi ma belle! Écoute ça va, ça va. Et toi? Tu as parlé à Heath?"

Heath était le père de cet enfant et Ana voulait savoir si elle lui avait annoncé. Le serveur arriva. Les deux jeunes femmes le saluèrent. Elle commanda un verre de rosé et regarda son amie pour savoir ce qu'elle allait prendre.
Elle était un peu préoccupée. Son problème? Clovis, un jeune homme de 20 ans. Ana hésitait à chaque fois à le voir de peur de replonger. Elle l'avait connu alors qu'elle allait mal, lorsqu'elle avait coupé les ponts avec son père et lui avait été d'une grande aide. Catherine avait été patiente, l'avait soutenue aussi mais d'une autre manière, plus bienveillante. En effet, le jeune homme l'avait initié à la drogue et Ana-belle pensait que ce serait qu'un passage mais aujourd'hui, elle sentait parfois un manque. Elle avait tenté de reprendre ses responsabilités et de se "ranger" en quelque sorte en travaillant auprès des enfants, de manière passionnée. Aujourd'hui c'était à son tour d'aider son amie. Elle la comprenait parfaitement concernant sa relation avec son père puisqu'elle avait vécue la même chose. Cependant, Ana s'était rebeller contrairement à son amie qui craignait encore ses réactions.

Le serveur apporta les boissons. Ana but une gorgée de son verre et croqua dans un biscuit apéritif. Elle regarda la jeune femme, quelque peu inquiète.

"Ça va mieux ? Tu sais où tu en es?"