EMMY ◮ Les canons ne tirent pas d’boulets .

Voilà maintenant vingt-quatre ans que mes parents m'ont donné le nom de Emmy-Lou Sisley Roussel. Je suis de nationalité française sans tout de même oublier que j'ai des origines irlandaise. En ce moment, je suis célibataire, si on veut. Depuis trois ans, je suis organisatrice de mariage et malgré tout, je le vis bien. Même si ce n'est pas facile tous les jours. Je fais partie du groupe des les filles d'a côté et on me dit souvent que je ressemble étrangement à Katie Cassidy.

« Tu es trop jeune pour le mariage ma Lou. » entendis-je prononcer ma mère entre deux cris furieux de mon paternel. C’est toujours la même rengaine, le même refrain. J’ai dix-neuf ans, merde ! J’ai tout de même le droit de faire ce que je veux, de prendre des décisions par moi-même, non ? « Maman, je ne suis plus une petite fille, je n’ai pas besoin de ta permission, ni de la tienne papa. » répondis-je quelque peu sur la défensive, malgré moi. « Il n’en est pas question ! Dès que je l’ai vu j’ai su que c’était un mauvais gars ton Théo ! » Cette fois-ci, s’en était trop. Il y encore cinq minutes il vénérait presque Théo et maintenant le voilà devenu un moins que rien ? « Écoutez, si je suis venue aujourd’hui vous parlez de ça, c’est juste par politesse, vous n’avez rien à redire vis-à-vis de cette décision. Je me marierai le vingt et un aout, que vous le vouliez ou non, avec ou sans vous. » J’y allais peut-être un peu fort, mais il était temps qu’ils comprennent que le temps ou ils avaient encore leur mot à dire est définitivement résolu. « Alors ce sera sans nous ! » Hurla mon père, avant de s’en aller en claquant la porte. Je jetai alors un regard furtif à ma mère qui semblait complètement perdue, la tête entre les deux mains. Finalement elle se leva, et m’embrassa sur le front avant de me dire ; « Je vais essayer de le résonner. » et de s’en aller sans un bruit, me laissant seule dans la cuisine.

« Je suis contente que tu sois là, Luna. » ma grande sœur détacha alors son regard de ma longue robe blanche à volants. « Tu es époustouflante. » souffla t-elle, les yeux brillants. Luna se leva de son pouf afin de venir me rejoindre, d’un geste rapide elle prit mes deux mains dans les siennes et me fixa avant de prendre la parole ; « Je serai toujours présente pour toi Emmy, tu es ma petite sœur et je t’aime. » Ces paroles me décontractèrent et firent se dessiner un sourire sur mon visage doré par le soleil. Je sais qu’elle n’est pas d’accord avec le choix que j’ai fait, mais elle le respecte et c’est tout ce qui m’importe, d’ailleurs le plus beau cadeau qu’elle ai put me faire c’est d’être là, aujourd’hui, au contraire de mes parents. « Moi aussi je t’aime. » soufflais-je avant de l’enlacer doucement, ravalant mes larmes. « Oh non, la dernière chose que je souhaitais était bien de te faire pleurer. Vient par là. » me dit-elle souriante avant de prendre un mouchoir et de tamponner mes joues afin d’épargner le plus possible mon maquillage. « Merci pour tout Lu’. »

« Je suis enceinte. » J’aurais pu lui annoncer autrement, j’aurais pu mâcher mes mots, j’aurais pu l’épargner quelque peu mais non, je venais de choisir le chemin le plus court et selon moi le plus facile. Lentement, je levai mon regard vers Théo et le fixai. Son visage était inexpressif, figé dans une position passive devant la porte, il me regardait bêtement. Voilà seulement trois mois que nous sommes unis par les liens du mariage et pourtant j’ai déjà l’impression que mon homme me file entre les doigts, il m’échappe complètement, je ne le comprends plus, j’ai l’impression que tout part en vrille. Il rentre tard tous les soirs, il s’énerve pour un rien, il me ment… « Tu es quoi ? » finit-il par articuler lentement. D’un bond je me levai du canapé en cuir beige et m’approchai de lui, les lèvres tremblantes et les yeux humides, je sais très bien qu’il va se mettre en colère. « Tu m'as très bien entendue Théo. » lui soufflais-je. « C’est impossible, impossible je te dis ! Nous nous protégeons toujours ! » J’aurai bien aimé que ce le soit…impossible. « Écoute, je viens de faire quatre tests, QUATRE ! » hurlais-je sans le vouloir. Pourquoi faut-il toujours que ça se passe comme ça ? Pourquoi ne me fait-il pas plus confiance ? D’ailleurs, pourquoi mentirais-je sur le fait que je sois enceinte ou non ? « Aurais-tu arrêté ta pilule derrière mon dos ? » j’écarquillai les yeux et malgré tout mes efforts je ne pu m’empêcher de le gifler. Comment pouvait-il imaginer cela ? « Tu te fou de moi ? Tu me prends pour qui ? Tu me connais non ? Je ne pourrais jamais faire ça, tu m’entends ! Parce que tu crois que ça m’enchante, moi ? J’ai dix-neuf ans et je suis enceinte d’un pauvre mec qui n’arrête pas de me mentir et de me rabaisser à longueur de journée ! » Sur ces quelques mots, je le vis serrer les poings, il aurait pu me frapper, me hurler dessus, à la place il tourna les talons et franchit la porte. Je ne le revis plus jamais. Quelques semaines plus tard, je perdis le bébé.

Si seulement j’avais su ce matin en me levant ce que j’allais trouver dans ma boite aux lettres, je n’aurais jamais été cherché mon courrier. Voilà désormais quatre ans et demi que je n’ai plus eu aucune nouvelle de lui, maintenant c’est fait. Assise autour de la table en bois ronde de ma mini cuisine je relisais encore et encore le bout de papier se trouvant devant moi quand Olivia apparut en pyjama rose. Fronçant les sourcils, elle s’arrêta à l’extrémité de la table et me fixa. Elle devait sûrement s’être rendue compte que j’étais figée dans la même position depuis vingt minutes. « Qu’est-ce que c’est ? » me demanda-t’elle finalement, comprenant que je n’avais pas l’intention d’engager la conversation. « Ce sont des papiers de divorce. » répondis-je sur un ton que je voulais neutre. « Je vois. » articula mon amie avant de s’approcher de moi et de déposer ses mains sur mes épaules. « Que comptes-tu faire ? » Bonne question. Que dois-je faire à part lui renvoyer ces papiers signés ? Que puis-je faire ? C’est fou ça, même à des kilomètres de moi il arrive encore à m’énerver. Pas un mot en quatre ans et demi et il m’envoie ça par courrier comme si ce n’était qu’une banalité ? A cause de lui j'enchaine les histoires éphémères, je ne crois plus en l'amour. Il m’avait abandonnée, et il allait s’en mordre les doigts. « Ce que je compte faire ? Lui renvoyer ça au plus vite et vierge. » Olivia ne me contredit pas, elle connait mon histoire, je le lui ai raconté, elle sait que j'ai souffert.