JULES-HONEY ☞ pick me, choose me, love me.

Voilà maintenant 23 ans que mes parents m'ont donné le nom de Jules-Honey Iseult Archdeacon. Je suis de nationalité anglaise sans tout de même oublier que j'ai des origines suédoises et françaises. En ce moment, je suis célibataire. Depuis 2 ans, je suis chroniqueuse pour un célèbre magasine de mode français et malgré tout, je le vis bien. Même si ce n'est pas facile tous les jours. Je fais partie du groupe des filles d'à côté et on me dit souvent que je ressemble étrangement à Blake PERFECTION Lively.

« Pourquoi t'as deux papas toi ? » Et hop, une petite gifle bien placée. Jules-Honey avait beau n'avoir que dix ans, mais elle ne supportait pas que l'on se moque de ses parents. Enfin, de ses "parents" devrais-je dire, puisque la petite a été élevée par un couple d'homosexuels. Et oui. L'un d'entre eux est cependant son père biologique, et sa mère n'était autre que la meilleure amie de ce dernier, et qui avait plié bagages il y a bien longtemps. Elle avait donc grandi entourée de deux pères, et n'était pas plus débile que les autres pour autant. Au contraire, elle savait se défendre, et ne se laissait pas marcher sur les pieds. Ces stupidités sur sa famille, elle les entendait depuis son plus jeune âge, alors c'en était trop à présent. Maintenant, elle parlerait avec les poings s'il le fallait. Au point de la conduire dans le bureau du principal, convocation des parents et tout le reste. C'était toujours son père biologique qui se déplaçait dans ce cas-ci, et aussi étrange que cela puisse paraître, il ne lui en voulait pas. Il ne lui en voulait pas lorsqu'il referma sa portière de son côté, et qu'il s'assit côté conducteur, sans dire un mot. Il savait pertinemment que cette situation n'était pas évidente pour l'enfant qu'elle était, et qu'elle avait besoin d'une mère. Mais pouvait-il changer celui qu'il était ? Pouvait-il renier sa véritable personnalité pour faire plaisir aux autres, pour entrer dans un moule préconçu ? Non, il ne le pouvait pas, et après tout, Jules était une magnifique jeune fille, tout à fait féminine, et le sourire qu'elle lui adressa ce jour-là dissipa tous ces doutes. Cette blondinette était tellement forte qu'il l'adorait plus que sa propre vie. Déposant un baiser sur le sommet de son crâne, il mit le contact et démarra, direction la maison.

« Sérieusement Juju ? Cette robe te donne un cul énorme. » Jules, quelque peu surprise, se regarda de nouveau dans la grande glace qui se trouvait près des cabines d'essayage, faisant bien attention à observer son postérieur. Pourtant, elle ne trouvait pas que cette robe la grossissait, mais peut-être que sa meilleure amie avait raison. C'est alors qu'elle se rappela qu'il n'y en avait plus d'autres, et que c'était la dernière en rayon. La dernière, qu'Olivia convoitait autant que Jules. Un sourire à demi-hypocrite sur le visage, la blondie lui répondit. « Tu as raison, elle me grossit. Mais tant que se sont mes fesses et pas ma tête qui enfle, tout va bien. Je reviens, le temps de la retirer et de l'acheter. Ne bouge pas Olive. » Fière d'elle, Jules tourna les talons, et alla enlever la fameuse robe pour aller la payer ensuite. Depuis deux ans qu'elle était à Paris, elle avait rencontré Olivia. Entre deux anglophones, le courant était de suite passé. Une belle amitié s'était tissée entre elles deux, mais ces fils sont très minces, et peu résistants. Il leur suffit de se crier dessus, de se faire des coups bas de la sorte pour se prouver qu'elles s'aiment, malgré tout. La jalousie, la fierté, tous ces sentiments étaient bien présents chez elles, et une compétition ne pouvait qu'éclater, forcément. Souriant cette fois réellement, Jules se rendit à la caisse ensuite, et prit Olivia par le bras, pour sortir du magasin, et profiter de la magnifique journée qui s'annonçait. Dans le fond, la blondinette l'aimait sa brunette, elles formaient une équipe du tonnerre, faisaient tourner la tête de tous les garçons, et avaient le même caractère. Une belle paire, un peu sournoise et malsaine parfois, mais qui fonctionne, et s'adore mes petits.

Un expresso à la main, Jules pianotait sur les touches de son Blackberry, tentant de se souvenir de son prochain rendez-vous. Elle était pourtant certaine de l'avoir noté quelque part. S'énervant petit à petit, elle ne vit pas une jeune femme sortir de la boulangerie qui se trouvait non loin de là. Et c'est alors que survint la collision, inévitable. Quelques fracas d'objets tombant au sol plus tard, Jules se confondit en excuses auprès de la blondie qui se trouvait en face d'elle, l'aidant à ramasser tout ça. En se relevant, elle ne put s'empêcher de remarquer ses yeux. Ils ressemblaient énormément à ceux qu'elle connaissait, ou du moins qu'elle avait pu voir sur une photo de sa mère. Parce que cette dernière l'avait laissée alors qu'elle n'avait que trois ans, son souvenir, bien que simplement pictural, semblait hanter son esprit chaque jour, de plus en plus. Et lorsqu'elle trouva cette photo, qui était tombée du porte-feuille de son interlocutrice, elle n'eut plus de doutes : elle en savait plus qu'elle ne voulait l'admettre. « Excusez-moi, mais où avez eu cette photo ? » Bien entendu qu'il s'agissait de sa vie privée, mais si cette jeune femme avait la photo de sa mère avec elle, c'était bien qu'elle partageaient plus que le don d'entrer en collision avec les autres. « C'est ma mère sur cette photo, je pense donc qu'il est normal qu'elle me l'ait donnée. Mais pourquoi cette question ? » Le choc. Ce jour-là, Jules n'est jamais arrivée à son rendez-vous, passant l'après-midi à questionner Romane, puisque c'était ainsi qu'elle s'appelait, et à tenter de percer le voile qui recouvrait son passé. Mais rien à faire, il ne semblait pas vouloir se soulever aussi facilement. Soupirant presque de désespoir, la blondie prit congé de cette nouvelle connaissance, rentrant chez elle. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant que Romane était sa nouvelle colocataire ! À croire que le destin jouait avec leurs nerfs. Et leur offrait une autre chance d'apprendre à se connaître, à rattraper tout ce temps perdu.